« Prêt d’Union » : le crédit entre particulier. Interview de Thomas Beylot, cofondateur.

pret d'union

  • Qu’est-ce que Prêt d’Union et comment est né le concept ?

Thomas Beylot : Prêt d’Union est le premier établissement de crédit entre particuliers agréé par les autorités bancaires et financières en France. Il permet à des particuliers investisseurs de placer leur épargne en finançant les projets d’équipement (voiture, travaux…) des ménages français. En se passant des établissements de crédit traditionnels, chacun fait une bonne opération !
C’est de Charles Egly (président du directoire) qu’est née l’idée. Fin 2008, afin de payer ses impôts et plutôt que de « revendre » son épargne qui était placée en actions et fonds, il a fait une demande de crédit auprès de sa banque qui lui a proposé un revolving à 14%. Ne connaissant encore rien au marché du crédit conso, il a pensé avoir un « bon » taux. Au bout de quelques mois, il s’est rendu compte que ce taux était très élevé. Il devait exister des moyens pour emprunter moins cher et si cela n’était pas possible, il aurait alors bien aimé prêter lui-même à d’autres emprunteurs à ce niveau de taux. LendingClub existait aux Etats-Unis depuis 2007 : l’envie de créer Prêt d’Union était née.

  • Quelles sont les conditions pour être emprunteur ou investisseur ?

T. B. : Pour emprunter chez Prêt d’Union, il faut résider en France métropolitaine et avoir entre 18 et 70 ans. Après, la sélection est opérée sur 2 critères :

– Le taux d’endettement de la personne qui ne doit pas dépasser un certain seuil.
– La capacité du demandeur à tenir ce taux d’endettement tout au long du crédit souscrit : celle-ci est l’objet d’un calcul complexe de probabilité issu des dizaines d’informations collectées en ligne.

Chaque emprunteur une fois pré-accepté en ligne doit renvoyer son contrat de crédit dûment signé avec les pièces justificatives qui attestent de la véracité des informations saisies en ligne. C’est à l’issue des contrôles effectués grâce à ces documents que l’emprunteur saura si il/elle est définitivement accepté(e).
Pour investir sur la plateforme, il faut après avoir complété le formulaire de souscription en ligne se déclarer « investisseur professionnel ». La demande de catégorisation en tant qu’investisseur professionnel permet de s’assurer que l’investisseur comprend les risques inhérents au placement proposé (risque de défaut des emprunteurs & risque de liquidité).

  • Comment souscrire un prêt ou confier mon argent ? Quels sont les frais ?

T. B. : Pour souscrire un prêt, il suffit de faire une simulation de crédit sur le site www.pret-dunion.fr. Prêt d’Union propose des prêts de 3 000€ à 30 000€ sur des durées de 2, 3, 4 & 5 ans.

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A l’issue de cette simulation, si la proposition que Prêt d’Union fait répond aux attentes de l’internaute, alors il lui faudra remplir un formulaire de souscription en ligne. Comme dit précédemment, une fois préaccepté, l’internaute doit nous renvoyer son contrat de crédit signé et complété des justificatifs demandés.
Pour investir sur la plateforme, il faut dans un premier temps remplir un formulaire de souscription en ligne, à l’issue duquel il faudra renvoyer le contrat d’ouverture de compte accompagné de ses justificatifs.
Dès lors que le dossier est accepté, il faut alimenter son compte avec un premier versement d’une valeur minimale de 1 000€. C’est avec ce premier versement que l’investisseur peut ensuite acheter des parts de fonds.

Prêt d’Union propose 4 fonds :

– Fonds 1 « conservateur court » affichant un rendement allant jusqu’à 4.40%
– Fonds 2 « conservateur long » affichant un rendement allant jusqu’à 5.40%
– Fonds 3 « équilibré court » affichant un rendement allant jusqu’à 6.40%
– Fonds 4 « équilibré long » affichant un rendement allant jusqu’à 7.40%

Les différents fonds financent des prêts de durées plus ou moins longues et intègrent un risque plus ou moins élevé.

L’investisseur choisit donc de placer sa réserve comme il le souhaite.
Pour financer son activité, Prêt d’Union prélève un frais de service aux emprunteurs, qui est une part de l’emprunt en pourcentage (en moyenne 1.5%). Ainsi si monsieur X fait un prêt pour 10 000€ il recevra non pas 10 000€ mais 10 000€ – 150€ = 9 850€.
Ce coût est intégré au coût total du crédit et donc au TAEG affiché en ligne.

  • Quels sont les avantages de passer par Prêt d’Union plutôt que par mon établissement bancaire qui me connaît déjà ?

T. B. : Prêt d’Union est un concurrent direct des établissements de crédits spécialisés, qui sont les filiales des grands groupes bancaires.

3 avantages :

– Les taux qui sont en moyenne inférieurs à ceux pratiqués par les établissements de crédit
– Un produit simple et sans arnaque : Prêt d’Union est le seul établissement de crédit à avoir fait le choix de ne pas distribuer de crédit renouvelable, dont les coûts sont bien plus élevés que ceux du prêt personnel amortissable à taux fixe.
– La rapidité d’exécution : l’expérience client en ligne est simple et claire, nous ne distribuons qu’un seul produit. Le suivi de la demande est fait par les équipes de Prêt d’Union, qui travaillent toutes à Paris : l’équipe étant de taille relativement modeste (50 salariés), on évite les effets de « frein » que connaissent les grands groupes.

Côté Investisseur, c’est la 1ère fois en France que des particuliers & personnes morales se voient proposer de pouvoir acheter une part de la dette des ménages français : il n’y a aucun autre équivalent. Le risque du ménage français étant très bon, les rendements proposés sont très intéressants. Et en plus, cela permet de financer l’économie réelle !

  • Les emprunteurs et investisseurs sont-ils en contact ? Quel est le rôle de Prêt d’Union dans cet échange ?

T. B. : A aucun moment investisseurs & emprunteurs n’ont d’échanges. Prêt d’Union joue le rôle de tiers de confiance et garantit la relation financière liée entre les deux communautés.

  • Si l’emprunteur ne peut plus rembourser son crédit, comment cela se passe ?

T. B. : Si l’emprunteur fait un défaut de paiement, Prêt d’Union va jouer le rôle de tiers de confiance en mettant en œuvre le processus de recouvrement de créance. Dans 80% des cas, la créance est « rattrapée ». Pour les cas de défaut plus compliqués, le client est déclaré comme insolvable auprès de la Banque de France et donc inscrit aux fichiers des incidents de paiement. Il est ensuite géré par l’organe régulateur qui se charge de lui proposer des solutions pour régulariser sa situation. 

  • Selon vous le modèle traditionnel du système bancaire est-il obsolète ?

T. B. : Plus que le modèle bancaire, ce sont les habitudes des établissements financiers qui sont « obsolètes ». Leur activité est devenue tellement complexe qu’elles en sont devenues (trop) coûteuses. Une initiative comme Prêt d’Union n’est en somme qu’un retour à l’essence de l’activité de Banque : collecter et sécuriser l’épargne pour la redistribuer en finançant l’économie réelle. Ensuite, les nouvelles technologies vont faire évoluer les pratiques bancaires. Par exemple avec le mobile, on peut imaginer des applications qui permettront aux demandeurs d’accélérer le traitement de leur demande (photographies de leurs justificatifs puis upload directement dans l’application).