A la découverte des derniers jaguars de la péninsule d’Osa avec Tico Haroutiounian !

Tripndrive vous emmène direction le Costa Rica, où vit actuellement Tico, un jeune homme de 23 ans qui a quitté la capitale française pour se consacrer à ses deux passions : les animaux et la photo. Là bas, il livre un beau combat, mettre l’art au service de la nature et de sa préservation.

  • Bonjour Tico, parle-nous un peu de toi, quel est ton parcours et qui es-tu ?

Bonjour, je suis un jeune photographe autodidacte et je suis en train de travailler sur mon premier gros projet à la recherche des derniers jaguars de la péninsule d’Osa au Costa Rica. Plus généralement, je suis originaire de Paris, et malgré l’éloignement de la vie sauvage, ma passion pour les animaux m’a toujours donnée le désir de m’aventurer au fin fond du monde en quête des espèces les plus rares. J’ai débuté la photographie en « chassant » les voitures de luxes dans les beaux quartiers de la capitale, à défaut d’avoir des animaux à proximité. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, c’est comme ça que je me suis fait la main.

  • Que fais-tu exactement de l’autre côté de l’Océan ? 

Je suis arrivé ici mi mai (mais j’y ai déjà séjourné plusieurs mois en 2012) dans le but de réaliser le travail photographique le plus profond jamais entrepris sur les jaguars, et plus précisément, ceux de la péninsule d’Osa, au sud-ouest du pays. Pour y parvenir j’ai, en plus de mon matériel que j’emporte toujours avec moi, fabriqué 2 pièges photographiques fonctionnant avec des détecteurs infrarouges et des flashs externes. Ce sont les plus performant qui existent à ce jour et les seuls au monde utilisant des reflex plein format, permettant d’obtenir des images d’une très grande qualité.

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  • Protéger les jaguars et la biodiversité en générale est une mission importante que  tu t’es fixée, d’où vient cette volonté de changer les choses ? 

Je pense qu’un monde où hommes et nature font bande à part ne peut pas exister. C’est pourtant le chemin qu’est en train de prendre l’humanité. J’espère contribuer à faire évoluer les mentalités grâce au pouvoir de l’art. Une image vaut tous les discours du monde. Je me lance donc le défi de faire des images absolument uniques. Car la beauté et la capacité de séduction des félins en font des ambassadeurs idéaux pour sensibiliser le plus grand nombre de gens, aussi bien sur place que dans les autres pays du monde, à l’urgence de protéger la biodiversité.

•         Es-tu parti seul ? 

Absolument seul, mais j’ai sur place énormément de personnes qui m’aident à rendre ce projet possible : guides, biologistes, rangers, etc… et je travaille en partenariat avec des associations locales comme Yaguara (chargée de la protection des jaguars) ou encore des organisations comme Osa Conservation. Pour ce faire, j’ai obtenu deux bourses, une de la Fondation de la Vocation et une autre de la Fondation de France, et j’ai réussi une campagne de crowdfunding sur le site de financement participatif KissKissBankBank en réunissant le soutien de plus de 110 personnes !

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  • Qu’est-ce que OSA Conservation ? Qu’est-ce que tu leur apportes en tant que photographe ?

Osa Conservation est une Organisation possédant 2 500 hectares de terres sur la péninsule d’Osa soit 2,5% de sa superficie totale, entièrement dédiés à la conservation. Ils me laissent librement accéder sur tout leur territoire pour poser mes pièges photographiques. Avant tout, l’idée principale de notre partenariat est d’éduquer les générations futures (jeunes et écoliers) en les sensibilisant grâce au pouvoir de l’art. Dans un même temps, mon travail photographique les aide à communiquer sur la richesse de leurs terres et ainsi démontrer l’efficacité de leur protection.

  • Comment as-tu préparé ton voyage en amont ? 

J’ai effectué un voyage de repérage de 5 mois en 2012 afin de prendre les contacts nécessaires à la réalisation de ce projet et de connaître les lieux dans lesquels j’allais évoluer

  • Y a-t-il une rencontre qui t’a marqué ? 

Mis à part les amitiés précieuses que j’ai nouées sur place, j’ai fait un tas de rencontres, mais celles qui me plaisent le plus et que je recherche sont celles avec la vie sauvage. Ma plus belle rencontre est celle d’une famille de 3 pumas, une mère et ses 2 petits, qui m’ont laissé les observer et les photographier pendant de longs instants, comme si de rien n’était, au milieu de la jungle du Costa Rica. La photo de cette rencontre est d’ailleurs celle qui résume mon premier voyage, elle s’intitule « Puma dans la jungle » et est pour l’instant la seule que je propose à la vente sous forme de tirage d’art.

  • Etre en immersion dans la nature, loin de ses proches, être confronté à une culture   totalement différente, comment le vis-tu et qu’est-ce que ça t’apportes ? 

Je suis basé à Puerto Jimenez, une toute petite ville de la péninsule d’Osa où l’on trouve pratiquement tout ce dont on a besoin. Je vis chez un ami, qui exerce le métier de guide dans le parc national Corcovado, avec sa famille. Quand je dis petite ville, il faut s’imaginer qu’elle est en partie occupée par la mangrove et qu’on y croise au quotidien des aras macao, des singes araignées et des crocodiles américains, pour ne citer que quelques exemples. Sinon je passe énormément de temps dans la jungle, à divers endroits, isolé de tout, ou presque. En 2012 j’ai par exemple vécu chez une sorte d’ermite plusieurs mois dans une cabane sans fenêtre ni électricité et en mangeant tout ce qui poussait sur ses terres, des fruits tropicaux aux racines. J’aime le dépaysement et les nouvelles expériences, je le vis très bien et sans aucun problème comme pourraient le croire la plupart des personnes ! Ici les gens sont  heureux de vivre et cela se sent, absolument rien à voir avec le ressenti des grandes villes, pour ne pas dire de Paris. Rien que pour ça, je n’échangerai ma vie pour rien au monde.

Tico teste les réglages et peaufine le cadre d’un de ses pièges photographiques en espérant capturer une des 6 espèces de félins du Costa Rica…
  • Quel est l’épisode le plus incroyable que tu as vécu au Costa Rica ? 

Il se passe tellement de choses dans une vie ici que je ne saurais pas par quoi commencer, nager tout seul au milieu du Golfo Dulce avec un requin baleine, ma rencontres avec les trois pumas ou être en face à face avec un rare tapir de Baird. Et puis il ne faut pas oublier l’adrénaline d’être bloqué en pleine jungle dans une tempête tropicale et de devoir esquiver des arbres centenaires géants tombants du ciel, ou encore de se retrouver nez à nez avec de magnifiques serpents mortels. J’en oublie des tonnes, mais je suis incapable d’établir un classement…

  • Et pour finir…trois choses indispensables dans ton sac à dos ?

Lampe frontale, couteau suisse et évidemment appareil photo !

Suivre l’avancée de l’incroyable projet de Tico sur son site et sur Facebook ! 🙂